Les cosses des palmiers (dont le nom scientifique est spathe), ont commencé à montrer le bout de leur pointe au sud du Maroc et même à Ouarzazate, avec environ quatre semaines d’avance sur la date habituelle.
Une fois mûre, la cosse va éclater, en libérant un bouquet de fleurs, nettement plus imposant quand le bouquet est mâle. Commence alors la fertilisation, qui consiste à déposer à la main quelques fleurs mâles au milieu des fleurs femelles… sinon pas de dattes.
Un mois d’avance pour le début de la floraison c’est exceptionnel. Il est vrai qu’après les grands froids de l’hiver, le beau temps s’est installé d’un seul coup, avec des chaleurs printanières.
Comme le reste de la planète, le Maroc vit depuis quelques temps des phénomènes climatiques plus intenses, plus violents, qu’à l’habitude. Les pluies se sont faites très rares au nord, et paradoxalement abondantes au sud, qui avait avant souffert de la sécheresse. Tanger et d’autres villes du nord ont - malgré la rareté de la pluie - subi des orages diluviens, qui se sont traduits par des inondations, des glissements de terrain, et des morts, à l’automne précédent notamment.
Les forêts de l’Atlas sont depuis longtemps en voie avancée de désertification, les arbres et le petit bois ayant été coupés beaucoup trop intensivement, pour les besoins du chauffage et de la construction. Les paysages des pentes rouges ravinées sont à la fois superbes, mais dramatiques, aussi, car ils montrent bien le mauvais état des pentes. Les tentatives de reforestation sont timides et insuffisantes.
Surtout, le changement des cycles saisonniers risque d’avoir des impacts graves sur une économie encore très fortement rurale, et pauvre. Même dans les plaines fertiles, en dehors du Sous et de la région d’Agadir on est très loin de la culture intensive que l’on connait en Europe. La faible irrigation ne permet pas de faire plusieurs récoltes dans l’année, et des cultures viables risquent de ne plus l’être si le rythme des saisons se modifie.
On parle beaucoup de l’adaptation des ours blancs et autres espèces animales, de la perte de leur habitat naturel. L’adaptation est aussi une question qui se pose de manière dramatique dans le cadre des sociétés agricoles traditionnelles.
En attendant, on espère que les dattes seront très bonnes cette année !
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